Saint Gengoux menacé – récapitulatif n°3

40 ans de résistance, d’information, de propositions n’ont presque rien empêché

un cas exemplaire

Historique des résistances

 

En une quarantaine d’années, il y a eu 3 vagues de résistance à la destruction du patrimoine (architecture, terres, eau et biodiversité) et de la diversité économique

Années 1970

« En 1973, un espoir naquit. Une association de sauvegarde et de mise en valeur se constituait, sous l’impulsion de quelques jeunes du pays. Grâce à l’impulsion de l’Union R.E.M.P.A.R.T., où sont affiliées également les équipes qui ont sauvé également l’église du Puley et celle de Saint-Hyppolite, un chantier de jeunes bénévoles qui s’ouvrait en août 1973 et commençait le dégagement et la consolidation des remparts. Dans le même temps, des relevés architecturaux était commencés, afin d’avoir un programme d’ensemble permettant d’aboutir à une proposition permanente de sauvegarde. Cet effort se poursuivait en 1974, avec la restauration des voûtes d’une ruelle médiévale, quelques travaux aux remparts, et la poursuite de l’étude de la ville.« 

Sites et Monuments 1974 (1)

le Faubourg des Tanneries avant destruction


Malgré l’éveil en cours et l’efficacité manifeste de l’action des
« jeunes du pays« , ce mouvement n’a rien pu faire pour empêcher le massacre. Les démolitions redoutées ont été réalisées (photos du faubourg des Tanneries).

le Faubourg des Tanneries aujourd’hui


Ces premières actions semblent avoir sombré dans l’oubli. Le collectif de sauvegarde actuel n’en avait jamais entendu parler et n’a pu découvrir ce que sont devenus les études évoquées. C’est à tel point qu’il a fallu la découverte fortuite, et récente, de l’article de Sites et Monuments dans une bibiothèque pour apprendre cette histoire exemplaire.

Années 1980 – 90

Dans les années 1980 s’est constituée une autre association de sauvegarde du patrimoine : Villa Vallis (évocation d’une villa romaine qui aurait existé dans cette vallée).

Villa Vallis est connue pour avoir sauvée de la ruine la Tour des Archers. Dans le Pré de la Tour, à l’entrée sud, celle-ci se dresse dans le lit du Ruisseau de Nolange, là où prend fin la buse installée en 1983. Villa Vallis s’est battue pour que la tour soit récupérée en bien communal et restaurée.

Entres autres actions, Villa Vallis a réussi à s’opposer à un premier projet d’implantation du supermarché dans le pré humide (l’Agasse) qui est à nouveau menacé de destruction par le projet actuel. L’association l’a fait classer par les Bâtiments de France au titre de la proximité d’un site classé et de la continuité architecturale entre la Tour des Archers et la cité médiévale.

Mais Villa Vallis n’a pas pu empêcher la destruction d’un pâté de maisons médiévales remarquables dans le secteur préservé. Elles ont été détruites de force pendant la procédure juridique engagée par l’association.

Depuis 2008

C’est dans une complète ignorance des étapes précédentes que la résistance actuelle à l’urbanisation du lit du ruisseau s’est développée. Le plus difficile a été de faire reprendre conscience de l’existence même du ruisseau !

Enterrée dans presque toute sa traversée de la cité depuis 1962, disparue à l’entrée sud, cette eau qui avait été si précieuse jusqu’à récemment avait été oubliée par la plupart des habitants (2).

Le projet d’installer une station-service dans le lit du ruisseau démontre que même les services officiels avaient « oublié » qu’un ruisseau est toujours accompagné par une nappe phréatique qu’aucune buse ne peut contenir (photo du lieu choisi après une bonne pluie) !

Cette troisième résistance à la destruction des biens communs rassemble – ou est soutenue par – des personnes et des associations de toute la région (3). Par contre, à la différence des mouvements précédents, peu d’habitants ont osé s’engager. Les pressions exercées depuis les années 1970 sur tous ceux qui se sont engagés pour le bien commun ont fragilisé la plupart des Jouvenceaux.

après les pluies, le Nolange retrouve son lit



(1)
Saint Gengoux-le-Royal

à découvrir…

Saint Gengoux-le-Royal, cité médiévale…
Aujourd’hui, Saint-Gengoux-le-National, à l’écart des grands itinéraires routiers, entre Chalon-sur-Saône, Cluny et Tournus, offre au visiteur qui a su le trouver une structure qui n’a que peu évolué depuis le Moyen-Age, du moins en son centre. Cité à découvrir, elle l’est à de nombreux titres. La première visite est un étonnement constant ; l’oeil passe d’une fenêtre à meneaux à une échauguette, d’une maison à pans de bois au clocher, roman comme il se doit.

Les visites suivantes n’en sont pas moins riches en découvertes et, à chaque fois, de nouvelles « trouvailles » viennent s’ajouter à ce que l’on connaissait déjà.

(…)

En 1973, un espoir naquit. Une association de sauvegarde et de mise en valeur se constituait, sous l’impulsion de quelques jeunes du pays. Grâce à l’impulsion de l’Union R.E.M.P.A.R.T., où sont affiliées également les équipes qui ont sauvé également l’église du Puley et celle de Saint-Hyppolite, un chantier de jeunes bénévoles qui s’ouvrait en août 1973 et commençait le dégagement et la consolidation des remparts. Dans le même temps, des relevés architecturaux était commencés, afin d’avoir un programme d’ensemble permettant d’aboutir à une proposition permanente de sauvegarde. Cet effort se poursuivait en 1974, avec la restauration des voûtes d’une ruelle médiévale, quelques travaux aux remparts, et la poursuite de l’étude de la ville.

La tâche est immense et ingrate. Les plus beaux joyaux, les monuments du XIV°, du XV° siècle, les plus abondants, sont des propriétés privées auxquelles les jeunes n’ont pas accès, le travail bénévole ne pouvant s’effectuer qu’au bénéfice des communes et collectivités publiques. Une maison du XIV° siècle devait pourtant devenir le siège de l’association. Pour des raisons mal déterminées, la vente au franc symbolique qui devait avoir lieu n’a pu aboutir.

Plus grave encore, des démolitions sont actuellement envisagées. En particulier celle de l’hospice, qui abrite les anciens de Saint-Gengoux. Magnifique bâtisse du XVII° siècle, qui se trouve face à un ancien couvent de la même époque, servant aujourd’hui de foyer rural. L’ensemble, qui est situé à l’une des entrées de la ville, est très homogène. La mairie, qui semblait vouloir adopter une politique de conservation et d’entretien des édifices anciens, a pourtant accepté immédiatement le projet de démolition. L’architecte des Bâtiments de France ne pouvait qu’en faire tout autant et donnait son accord à un projet fade, sans style, sans proportions et sans caractère. Il était pourtant facile de conserver le bâtiment actuel, en l’agrandissant sur l’arrière, ce qui était alors invisible et permettait de résoudre le problème posé par l’extension.

La démolition de cet édifice serait un premier pas. Comme dit le proverbe : « c’est le seul qui coûte ». Partant de là, tout peut arriver, et ce joyau qu’est Saint Gengoux, qui ne demande qu’à se révéler, risque de disparaître morceau par morceau. Déjà, il y a deux ans, un remblaiement qui devait cacher les remparts, a été évité de justesse. Aujourd’hui, la menace est plus grave. C’est un choix qui doit être fait.

Jean-Pierre Thoretton

Sites et Monuments d’octobre – novembre – décembre 1974 – n°68, revue de la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF), pages 34, 35, 36

« L’ensemble très homogène situé à l’une des entrées de la ville » est le faubourg des Tanneries (entrée sud de la cité) où coulaient deux ruisseaux. C’est le ruisseau qui les réunissait qui a été détruit sur 900 mètres en 1983 (plan et photos).


(2)
(…) Dans certains cas, la rivière n’est même plus visible. Canalisée et enterrée, elle n’existe plus dans l’inconscient collectif, si ce n’est ponctuellement et de façon négative par exemple lors de débordements des réseaux. (…)
Le cas des rivières « 
inexistantes » ou oubliées :
Guide méthodologique réalisé par l’agence de l’eau Loire-Bretagne
Guide méthodologique – Restauration des cours d’eau – Agence d

Rivières perdues, un film de Caroline Bâcle
Il était une fois, des centaines de rivières sillonnaient nos villes. Pourquoi ont-elles disparues? Comment? Et pourrions-nous les revoir un jour? Ce documentaire tente de trouver des réponses en rencontrant des urbanistes, des militantes et des artistes visionnaires du monde entier.
Site officiel

http://rivieresperdues.radio-c
page FaceBook

https://www.facebook.com/LostR

(3)

ASR (Association Solidarité Rurale),

CAPEN 71 (http://www.capen71.org/__actu),

Agir entre Saône et Grosne (http://www.agirentresaoneetgr),

SELEN,

CPEPESC Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l’Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche-Comté (http://www.cpepesc.org/La-CPE)

Collectif de défense du Rousset (http://www.centerparc-le-rous)

etc.

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